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« Bienvenue à Calais, les raisons de la colère », le livre de soutien aux migrants

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Calais, situé aux portes de l’Angleterre, est un lieu de passage pour de nombreux migrants. L’El Dorado anglais, néanmoins, n’est pas accessible à tous et les conditions de vie des migrants à Calais relèvent de l’atrocité. Un livre illustré leur apporte soutien et espoir.

Une réalité difficile

Jeudi 17 février 2016, Marie-Françoise Colombani, ex-éditorialiste chez Elle, et Damien Roudeau, dessinateur, ont publié chez Actes Sud un livre de 56 pages intitulé Bienvenue à Calais, les raisons de la colère. Ce petit ouvrage de 4,90€ à peine est accessible à toutes les bourses, mais aussi à toutes les sensibilités. Car il n’est pas question d’un livre partisan : le but est de montrer la « jungle » dans toute sa cruauté et son injustice, pour que chacun soit sensibilisé au quotidien de ces migrants, dont on n’entend parler que dans les journaux, parmi tant d’autres faits divers. Ici, ils prennent noms et visages, ils ne sont plus des anonymes. On y retrouve le récit des aventures de certaines figures marquantes, comme celle de la jeune Sara, une Erythréenne de 16 ans qui, en 2014, a été renversée par le camion auquel elle s’accrochait pour traverser l’autoroute. Après avoir parcouru 11 000 kilomètres, elle touchait son rêve du doigt. Comme elle, ils sont des milliers, tous sexes et âges confondus, à quitter leur pays pour fuir la guerre et les conditions de misère qu’elle implique, à s’éloigner de la barbarie pour retrouver un peu d’humanité dans les pays qui peuvent l’offrir. Beaucoup d’entre eux restent coincés à Calais, dans des sortes de bidonvilles aux conditions de vie infâmes. Le livre donne, en plus des récits, des chiffres probants : un camp de 17,4 hectares, dans lequel on trouve 120 latrines et 89 robinets, desquels s’écoule une eau fétide. 2 500 repas par jour sont offerts par des bénévoles, dans un lieu où plus de 6 000 migrants sont entassés.

Toi qui entres ici, continue d’espérer…

Les croquis, quant à eux, même s’ils illustrent une situation de dénuement extrême, sont porteurs d’espoir et de fraternité. Ils mettent en scène des visages souriants et chaleureux, que les deux co-auteurs ont eu l’occasion de côtoyer, puisqu’ils se sont immergés dans ce « no man’s land ». Partager le quotidien de ces rescapés a fait naître en Marie-Françoise Colombani un sentiment de honte, la honte d’être française, de vivre dans un pays qui ferme les yeux, et un sentiment de colère, la colère contre les autorités, qui préfèrent démanteler le camp plutôt qu’agir. Car selon elle, détruire cette « jungle » ne constitue en rien une solution, mais déplace simplement le problème. Elle rappelle que « tant que des gens seront chez eux en danger de mort, ils en partiront. » Et d’ajouter : « Et nous en ferions autant. » Ce petit fascicule est donc avant tout un acte citoyen de pure solidarité, car, comme elle l’a inscrit dans l’introduction, nous ne devons pas laisser « s’inscrire aux frontières de la France la devise qui orne l’entrée de l’Enfer de Dante : « Toi qui entres ici, abandonne toute espérance ». » Tous les bénéfices du livre seront reversés à l’association L’Auberge des migrants, qui fait preuve, depuis 2008, d’une solidarité sans faille envers les migrants de Calais.

Michelle Mbanzoulou

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