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Louis-Ferdinand Céline : une figure équivoque

Louis-Ferdinand Céline, de son vrai nom Louis Ferdinand Destouches, est sans doute l’un des auteurs du XXe siècle dont la personnalité, les idéaux et l’œuvre ont engendré le plus de controverses. Il n’en demeure pas moins l’un des écrivains les plus influents de son temps.

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Les débuts de « Céline »

Céline nait à Courbevoie en 1894, d’un père normand travaillant dans le commerce et d’une mère bretonne artisane spécialisée dans la dentelle. Après une enfance et une scolarité sans histoires à Paris, il est engagé en 1914 pour le front. Victime d’une grave blessure au bras (bien qu’il ait fait courir le bruit qu’elle était à La tête) il est contraint de se faire opérer et sera dispensé de son devoir de soldat par la suite. Il aura cependant gagné une Croix de guerre, mais surtout, une vive répulsion pour les combats et un pessimisme tenace.

Après la guerre, il obtient son baccalauréat et entreprend des études de médecine, qu’il réussit. Dans les années 20, il travaillera pour la Société des Nations, voyagera en Amérique et en Afrique et rédigera des articles pour une revue médicale. Malgré tout, il sera visible plus tard dans son œuvre qu’il n’hésite pas à critiquer avec virulence les travers du milieu médical.

La médecine, c’est ingrat. Quand on se fait honorer par les riches, on a l’air d’un larbin ; par les pauvres, on a tout du voleur.

Voyage au bout de la nuit

Sa vision ironique et controversée le conduira à embrayer sur des textes littéraires : l’écrivain fait surface, et prend le nom de « Céline » en hommage à celui de sa grand-mère.

Un style bien à lui…

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S’il y a un point sur lequel Céline est incontournable, c’est bien son style d’écriture. Devenu célèbre pour son discours très oral, fourmillant d’expressions familières, il utilise de riches associations d’idées à l’origine de métaphores pour le moins originales. Avec Céline, finis les longs passages descriptifs exhibant les états émotionnels profonds du narrateur… L’auteur leur préféra de simples amas de points d’exclamation (généralement accompagnés de termes peu recommandés aux enfants…) Ce langage argotique, fièrement élaboré par ses soins, aurait pour but d’exprimer les émotions dans leur état brut, leur donnant ainsi plus d’authenticité. Au niveau du fond, Céline se démarque par un réalisme cinglant, souvent morbide, secouant sans vergogne la conscience du lecteur.

Pour que dans le cerveau d’un couillon, la pensée fasse un tour, il faut qu’il lui arrive beaucoup de choses et de bien cruelles.

La patte de l’écrivain est visible pour la première fois dans son premier roman, Voyage au bout de la nuit, publié en 1932. Les méthodes peu orthodoxes de Céline lui vaudront d’être énormément critiqué, mais également loué : le livre sera vendu à 2000 exemplaires lors de son premier tirage et obtient le Prix Renaudot, après avoir manqué de peu de le Prix Goncourt (le Prix Renaudot étant destiné à « réparer les injustices » en récompensant les auteurs qu’on estimait aptes à recevoir le Prix Goncourt.).

… et générateur de scandales

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Non content d’avoir provoqué la polémique avec ses premières œuvres, Céline publie par la suite des pamphlets incitant au racisme et à l’antisémitisme, tels que Bagatelles pour un massacre en 1937 et l’École des cadavres en 1938. Ces textes ont dérouté les lecteurs, en mêlant belles phrases, considérations esthétiques et idéaux violents à l’encontre des Juifs. En outre, bien qu’il n’ait rejoint aucun organisme officiel, Céline a exprimé publiquement et explicitement son soutien à l’Occupation allemande durant la Seconde Guette mondiale.

Convictions réelles ou simple goût de la provocation ? Céline, cet auteur maudit, ce troll avant l’heure, demeure une figure complexe insaisissable dont la littérature n’est pas prête d’oublier la trace.

Camille Launay

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