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Marcel Proust : Des archives mises aux enchères

Patricia Mante-Proust, l’arrière-petite nièce de Marcel Proust a décidé de mettre aux enchères des documents intimes de son talentueux aïeul. En tout, plus de 120 dessins, manuscrits, lettres, livres et photographies sont présentés : ces archives sont estimées entre 520 000 et 740 000 euros.

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. »

Mort en 1922, Marcel Proust avait légué ces documents à son frère Robert. Les précieuses archives ont alors successivement été léguées à la fille de Robert, Adrienne, puis au fils d’Adrienne, Patrice, et enfin à la fille de Patrice, Patricia Mante-Proust. Aujourd’hui âgée de 41 ans, l’arrière petite nièce de Marcel Proust a écrit en 2012 un ouvrage en hommage à l’auteur, L’arche et la colombe publié aux éditions Michel Lafon. Très impressionnée par le travail et le talent de son ancêtre, elle est à l’initiative de cette mise aux enchères qui aura lieu le 31 mai chez Sotheby’s à Paris.

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » ces mots vous parlent forcément. C’est ainsi que commence Du côté de chez Swann, le premier tome de La Recherche publié en 1913. Parmi les nombreux documents mis aux enchères, un manuscrit de l’ouvrage a été retrouvé et il est estimé par les spécialistes entre 20 000 et 30 000 euros. Autre bijou, un jeu d’épreuves inconnu (« un placard ») de A l’ombre des jeunes filles en fleurs, le deuxième tome publié en 1919. Initialement, le livre aurait dû sortir en 1914 mais la guerre a retardé la publication. Totalement inédit, ce manuscrit est estimé entre 20 000 et 25 000 euros. Par ailleurs, une lettre de l’Académie félicitant l’auteur pour le Prix Goncourt (décerné en 1919) est jointe aux documents. On retrouve également un autre texte baptisé Autrefois tristes d’être si peu de temps belles, hommage à l’aquarelliste Madeleine Lemaire, la femme chez qui il va rencontrer Reynaldo Hahn, son amant, qui deviendra ensuite un ami fidèle.

« Tout autre chose que les lettres et la philosophie » est « du temps perdu »

Autre élément intime de la vie de Marcel Proust, deux lettres adressées à son père sont à vendre. Les relations entre les deux hommes ont toujours été compliquées et teintées d’incompréhension, Adrien Proust ne concevait pas le mode de vie et le métier de son fils. Dans une des lettres de 1893, l’auteur parait accorder de l’importance aux restrictions de son père et indique qu’il souhaite préparer «le concours des affaires étrangères» mais ajoute tout de même que tout ce qui n’est pas «lettres» ou «philosophie» est «du temps perdu». D’autres lettres sont destinées à Reynaldo Hahn, décrit comme « la personne qu’avec maman j’aime le mieux au monde», ainsi que 9 missives pour son autre ami Lucien Daudet, un écrivain français avec lequel il eut une liaison.

L’auteur de La Recherche était-il également dessinateur ? Parmi tous ces documents, un croquis de la cathédrale d’Amiens est retrouvé, signé par Marcel Proust entre les années 1901 et 1904. Meilleur écrivain qu’illustrateur, il a offert ce dessin à Reynaldo Hahn.

« Le souvenir d’une certaine image, n’est que le regret d’un certain instant. »

Des photographies de l’auteur et de ses amis ont également été mises aux enchères, dont le fameux portrait de Marcel Proust à l’âge de 17 ans, portant au dos une dédicace de Lucien Daudet : «à mon cher Marcel». Véritable trésor, cette photographie est estimée entre 4000 et 6000 euros. D’autres photographies comportant des dédicaces de Jacques Bizet, Robert de Flers, Jacques-Émile Blanche et Robert de Montesquiou font partie des archives.

Ces photographies en noir et blanc véhiculent un souffle de mélancolie et nous rappellent les mots de l’auteur : «Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant» (Du côté de chez Swann).

Fanny Kalinine

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