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Yves Bonnefoy, ici et ailleurs

Chercheur au CNRS, écrivain, critique, traducteur, et professeur au Collège de France, Yves Bonnefoy, le grand poète en quête de la juste vérité, nous a quitté hier à l’âge de 93 ans.

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Yves Bonnefoy, né en 1923 à Tours, d’une mère institutrice et d’un père ouvrier, découvre dès son enfance sa vocation pour la poésie. L’adolescent fait cependant des choix pragmatiques, et privilégie les mathématiques, qu’il étudie à la Sorbonne, entre deux lectures. Le jeune homme lit Artaud, Breton, Eluard, Michaux, mais se trouve très vite lassé par la réalité faussée et détournée, que véhiculent les surréalistes. Le poète aspire à la réalité brute, « rugueuse », à l’image de son modèle, Rimbaud.

Yves Bonnefoy emprunte toutefois au surréalisme une touche de rêve, très présente dans son oeuvre. Mais il demeure attentif à ne pas exploiter cette part de rêve jusqu’au leurre ou l’occultisme, dont il se méfie dans l’intensité poétique. Les facilités du langage, les figures de style, la sublimation du réel : le poète désapprouve ces écueils, et leur oppose une juste posture, tempérée, réfléchie, positionnant son oeuvre entre deux mouvements contraires (rêve et le réalité, ici et ailleurs, mouvement et l’immobilité, dialectique et stylistique, etc).

Il faut, autrement dit, réinventer un espoir. Dans l’espace secret de notre approche de l’être, je ne crois pas que soit de poésie vraie qui ne cherche aujourd’hui, et ne veuille chercher jusqu’au dernier souffle, à fonder un nouvel espoir.

Sa poésie cherche à créer une matière tangible, basée sur l’empirisme et la réflexion, elle aspire à influencer la réalité et non pas simplement à la décrire.

Aussi peu le poème aura-t-il réussi à être le dévoilement de la Présence, autant il a été en son commencement, et demeure -c’est là sa qualité négative, mais qu’il ne faut pas méconnaître- le dégel des mots, la dispersion des notions qui figent le monde, en bref un état naissant de la plénitude impossible : et s’il ne peut s’y tenir, il en dit au moins l’espérance.

(Entretiens, 216).

En 1984, le poète est nommé Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, par Jack Lang. Puis, l’un de ses derniers recueils, Les Planches courbes (2001), est étudié au programme du baccalauréat littéraire en 2006-2007.

Yves Bonnefoy a inscrit son oeuvre dans l’histoire littéraire, et proposé un véritable tournant à la poésie française.

 

 

 

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