En mai 2016, Luz, l’ancien dessinateur de Charlie Hebdo, adapta avec poésie et pertinence O vous frères humains, oeuvre du célèbre Albert Cohen. Lorsque le petit Albert subit de plein fouet l’insulte « sale youpin », Luz la représente dégoulinant sur le front de l’enfant, comme une souillure.
Comment réussit-on à transposer l’écrit en dessin ? Petit tour d’horizon de ces bandes-dessinées qui ont brillamment adapté les grands classiques littéraires.
Le Petit Prince, Sfar, 2008
Joann Sfar a une histoire personnelle avec le petit prince. Le dessinateur a trois ans lorsque sa mère disparait. Deux ans plus tard, son grand père lui offre la cassette audio du conte, pour qu’il comprenne ce que signifie la disparition d’un être cher. Le lecteur retrouvera dans le trait de Sfar un respect de l’univers merveilleux du texte original, avec cependant une touche d’humour et de gravité bien propre au dessinateur.
Les Précieuses Ridicules, Simon Léthurgie, Commedia 2005
Simon Léthurgie honore la fameuse citation de Molière « Le théâtre n’est fait que pour être vu ! » Si le texte théâtral est entièrement repris, les didascalies sont imagées, avec humour, pour notre plus grand plaisir.
Le lièvre et la tortue, Sanlaville 2008
L’auteur transpose les aléas du lièvre et de la tortue dans notre époque, entre les voitures et les engins électroniques. Et si le lièvre reste tel qu’il est, notre tortue, elle, s’est transformée en une courageuse randonneuse ployant sous le poids de son sac couleur écailles de tortue…
Les poèmes en bd, Arthur Rimbaud, Collectif, 2006
Une façon originale et très agréable de plonger dans le monde de la poésie, en appréciant les différentes interprétations des dessinateurs. Chaque planche est accompagnée d’extraits biographiques, qui permettent d’en apprendre davantage sur la vie mouvementée et aventureuse du jeune Rimbaud.
Boule de Suif, Li-An, 2009
L’élégant trait de crayon de Li-An permet de très bien adapter visuellement l’histoire de la malheureuse Boule de Suif, alternant moments tragiques et joyeux avec une très belle sobriété. On peut ainsi percevoir avec netteté la tension monter au fil des pages, et le courage et la majesté de Boule de Suif face aux regards accusateurs de ses compagnons de voyage.
Madame Bovary, Bardet et Janvier, 2008
Les dessins foisonnent, sont colorés, et laissent bien transparaître la beauté mélancolique d’Emma. Le plus se situe dans le CD offert, avec le texte en PDF et audio. Il est ainsi possible de suivre les péripéties d’Emma en usant simultanément de deux sens : la vue et l’ouie !
Camille Allard