La France est le pays qui compte le plus grand nombre de prix littéraires. Chaque mois connaît son lot de remises de prix. Et il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup. Nous vous avons concocté une petite liste pour vous guider.
De l’importance d’une formation en lettres classiques
Les littéraires, ces sommités qui savent tout sur tout. Du moins, en matière de livres. Ils pensent détenir la palme du bon goût, tandis que le commun des mortels se gausse en lisant Le Fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché. Ce sont eux qui ont lancé la mode des prix de littérature. On peut remercier tout particulièrement Edmond de Goncourt. Depuis 1903, le Prix Goncourt est décerné au « meilleur ouvrage d’imagination en prose », et il ne peut être attribué qu’une seule fois à un auteur. Enfin, sauf quand on s’appelle Romain Gary et qu’on décide de devenir Emile Ajar…mais c’est une autre histoire.
En 1926, le jury du Goncourt a pris, de toute évidence, trop de temps pour choisir son vainqueur, ce qui n’a pas plu à la dizaine de journalistes attendant de relayer l’information. C’est de leur alliance et mécontentement qu’est né le Prix Renaudot, qui vise à réparer les injustices du Goncourt en récompensant des auteurs au style nouveau. Comme le Goncourt, le résultat est annoncé le premier mardi de novembre, au restaurant Drouant. Sachez cependant que si vous avez déjà gagné un grand prix littéraire, il vous faudra patienter 5 ans avant de pouvoir prétendre au Prix Renaudot. C’est long.
Celui qui ouvre la saison des prix, celui que tout le monde attend chaque année avec impatience, c’est le Grand prix du roman de l’Académie française ! Il est décerné au mois d’octobre par un jury de douze membres de l’Académie. Le style des romans lauréats est assez éclectique, ce qui n’est pas pour nous déplaire, et le vainqueur repart avec la somme rondelette de 7 500 €, soit 7 490 € de plus que le vainqueur du Goncourt. Oui, oui, vous avez bien lu.
Le Prix Médicis sort un peu du lot. Il naît en 1958 de la volonté de récompenser des auteurs débutants ou des auteurs dont la notoriété n’égale pas le talent. Noble cause.
Les médias en parlent !
En 1970, le Syndicat national des dépositaires de presse et Gabriel Cantin décident de créer un nouveau prix : le Prix Maison de la Presse. Leur but ? Récompenser des auteurs pour leur importante diffusion. Leur petit plus ? Ils ne récompensent pas uniquement des romans. Avis aux amateurs de…d’autres choses. Mais des choses à lire, quand même.
En 1904, un an à peine après la création du Goncourt, vingt-deux femmes flairent l’arnaque : le Goncourt n’est fait que pour récompenser les hommes. Elles décident de contrattaquer en créant un prix dont le jury sera à 100% féminin, le Prix Fémina. Il est décerné le premier mercredi de novembre, à l’hôtel Crillon, et récompense des ouvrages de langue française écrits en prose ou en poésie.
Le Grand prix des lectrices Elle. Le jury : les lectrices. Car qui est mieux placé pour juger d’un livre que ses lecteurs ? Une première sélection est effectuée par la rédaction du magazine Elle, pour éliminer d’emblée toute œuvre déjà récompensée. Ce prix privilégie les auteurs et éditeurs peu connus et c’est tout à leur honneur.
En 1975, un certain Paul-Louis Mignon s’est dit que les prix littéraires n’étaient pas assez nombreux. Il voulait que les auditeurs de la station de radio France Inter aient leur mot à dire. Le jury du Prix du Livre Inter est composé de douze auditeurs et douze auditrices, sous la supervision d’un auteur de renom. Décerné en juin, il est un bon indicateur de la tendance littéraire estivale.
Les libraires, nos meilleurs alliés
On triche un peu avec le Goncourt des lycéens. Créé par la Fnac, il a été adopté ensuite par son grand-frère. 2 000 lycéens sont mis à contribution pour élire le lauréat. Autre nouveauté, le prix est décerné à Rennes, et non à Paris.
La Fnac a créé quatre prix, dont le Prix du roman Fnac. 400 adhérents et 400 libraires Fnac sont en charge d’élire un gagnant, après lecture de plus de 250 romans. Le résultat est généralement annoncé fin août / début septembre.
On n’écoute pas assez les recommandations de nos libraires, et pourtant ils savent de quoi ils parlent ! Depuis 1955, le Prix des libraires réunit l’ensemble de la profession pour mettre en avant un auteur qui n’a pas encore reçu de récompenses majeures. C’est ainsi que Fred Vargas ou encore Patrick Modiano ont gagné en notoriété.
Un goût de café…
Les prix sont souvent décernés dans des restaurants ou des cafés, autour d’un bon repas… Tant et si bien qu’ils en portent le nom.
En 2007, le premier Prix de la Closerie des Lilas a lieu, le 7 mars, veille de la Journée Internationale du Droit de la Femme. Et ce n’est pas un hasard puisque le prix récompense exclusivement des auteures de langue française, dont le livre est paru à la rentrée de janvier. Le but est de mettre en valeur la littérature féminine.
1994 marque la naissance du Prix de Flore, dont la paternité revient à Frédéric Beigbeder. Le jury est composé de journalistes et il récompense de jeunes auteurs. La récompense est atypique : 6 100 €, mais surtout le droit de consommer chaque jour pendant un an au Café de Flore un verre de pouilly-fumé. Mais attention, gravé à votre nom, le verre. La classe !
Le plus ancien des « prix cafés » est sans aucun doute le Prix des Deux magots, qui date de 1933. Il est décerné chaque dernier mardi de janvier par un jury de douze personnalités de la littérature (au sens large). C’est un bibliothécaire, M. Martine, qui est à l’initiative de ce prix, jugeant le Goncourt trop académique.
Le Prix des Prix
Hors catégorie, le Prix des prix littéraires récompense l’un des lauréats des huit plus grands prix (Académie française, le prix Décembre, le Fémina, le Flore, le Goncourt, l’Interallié, le Médicis et le Renaudot). Pour le vainqueur, c’est la double consécration et une belle carrière littéraire assurée !
Camille Cantenot