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Tout lecteur est un auteur qui s’ignore

S’il ne fait nul doute que les grands écrivains sont aussi de fervents lecteurs, la réciproque est-elle possible ?
Les grands lecteurs sont-ils de potentiels écrivains ?

lire

La lecture : une action cérébrale

Selon une étude des chercheurs de l’Université d’Emory aux Etats-Unis, la lecture d’un roman entrainerait des modifications importantes au niveau cérébral. Selon le Professeur Gregory Berns, spécialiste des neurosciences, qui a mené l’étude :

Les changements neuronaux que nous trouvons associés avec des sensations physiques suggèrent que lire un roman peut vous transporter dans le corps du protagoniste

Ce constat, contrairement à ce que l’on pourrait penser, place le lecteur dans une situation d’activité intense, proche d’un travail de création, et par conséquent, d’écriture. Le lecteur travaille à l’impression des mots qu’il lit, à la représentation des paysages, des personnages, il œuvre à se figurer chaque idée et à colorer le texte par son implication émotionnelle.

La lecture : une incitation à l’écriture

Et si lire donnait tout simplement envie d’écrire ? Bercé par le rythme des mots, emporté par des envolées lyriques, comiques ou épiques, le lecteur peut éprouver l’envie de s’atteler à son tour à la rédaction d’un chef-d’œuvre. La passion de l’auteur, se transmet au lecteur, et il lui prend le désir de poser sa pierre sur l’immense édifice de la littérature. Comme un phénix qui renaît de ses cendres, le monde des livres se renouvelle sans cesse, en engendrant de nouveaux auteurs animés par la flamme des précédents.

Le lecteur, un pasticheur prêt à devenir auteur

Mon poème Le Cimetière marin a commencé en moi par un certain rythme, qui est celui de vers français de dix syllabes, coupé en quatre et six. Je n’avais encore aucune idée qui dût remplir cette forme. Peu à peu des mots flottants s’y fixèrent, déterminant de proche en proche le sujet, et le travail (un très long travail) s’imposa

Paul Valéry, Œuvres 1. Variété, « Théorie poétique et pensée abstraite », Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, p. 1338.

En « butinant » d’un livre à l’autre, les lecteurs apprennent à sélectionner les idées, les rythmes et les expressions qui font écho en eux, et deviennent capable de produire eux-mêmes des textes de qualité.

Ainsi, en prenant à son tour la plume, le lecteur fabrique son propre miel à partir de ses connaissances, en imitant dans un premier temps son mentor littéraire, jusqu’à être capable de s’en détacher…

Ne dit-on pas qu’un artiste doit maîtriser les règles avant de les briser ? Le lecteur est un auteur qui s’ignore en ce qu’il maitrise les règles.

Tout ce qui lui manque est une plume pour les briser.

Camille Launay

 

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