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Entretien avec Olivia Cattan

Journaliste, écrivaine et présidente des associations SOS autisme France, Olivia Cattan surprend avec Identités contraires, son dernier roman (HC Editions). Un thriller qui nous transporte en plein cœur de l’Albanie, sur le thème de l’autisme. Entretien.

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Lecthot : Dans votre œuvre, il est évidemment beaucoup question d’autisme. La littérature était-elle pour vous une façon de faire entendre votre voix, ou considérez-vous plutôt l’écriture comme une sorte de défouloir ?

Oliva Cattan : J’essaie toujours de sensibiliser au maximum les personnes sur l’autisme. J’ai à ma disposition différents outils comme la télévision, que j’utilise beaucoup. J’avais aussi raconté mon histoire à travers un livre, D’un monde à l’autre, puis j’ai décidé de changer de registre, en m’attaquant au thriller. Je trouvais que ce genre s’apparentait assez bien avec l’autisme. J’avais trouvé l’idée originale. Un tueur en série autiste, cela n’avait jamais été fait, il y avait énormément d’éléments à creuser. Le personnage jouissait d’une possibilité d’attitudes que le lecteur ne pouvait anticiper.

L : Où trouvez-vous l’inspiration pour écrire ?

O.C. : J’ai écrit des romans assez différents les uns des autres. Le changement a toujours été un moteur. Je fonctionne aussi beaucoup à l’instinct, j’écris ce que j’ai envie d’écrire, sur le moment. Je suis allée du roman d’amour au thriller, en passant par le témoignage. Je m’inspire vraiment de ce que je vis, de mes envies, de l’inspiration du moment. En ce moment, par exemple, je travaille une saga familiale. Au fur et à mesure que j’avance, j’entre constamment dans de nouveaux cycles, et cela me permet d’écrire.

 

L : Identités contraires propose un récit particulièrement construit et fouillé. D’où vient ce sens du détail ?

O.C. : Le père de ma première fille était lieutenant de la BRB… Lorsque j’écris un thriller, c’est évident que le sens du détail est poussé à son paroxysme. Il faut que tout concorde. Sans oublier que je suis aussi journaliste d’investigation, donc je ne laisse rien au hasard lorsque j’écris un roman ! Certains polars, avec leurs erreurs patentes, nous font sortir de l’intrigue. Je ne voulais pas polluer Identités contraires par le biais d’une chose aussi néfaste que la non-concordance des éléments. Par ailleurs, je trouve très amusant qu’un lecteur ait l’impression que mon personnage existe réellement. C’est une sensation plaisante.

 

L : Vous documentez-vous avant d’écrire, ou faites-vous les deux à la fois ?    

O.C : Les recherches avant tout. J’attends d’avoir une trame, puis j’avance doucement dans la documentation. Identités contraires s’appuie sur des faits réels. C’est très historique, mais il était pourtant extrêmement difficile de récolter des informations, détenues pour la plupart par les services secrets. J’ai dû mener mon enquête, ce n’était pas toujours facile. L’Albanie est un pays assez fermé. J’ai rencontré l’ambassadeur qui m’a beaucoup appris sur la région, et m’a littéralement ouvert les portes de ce pays. Je suis allée quelques jours là-bas pour m’imprégner des lieux, de la culture, des paysages. Les pays scandinaves sont souvent privilégiés dans l’écriture d’un polar, je voulais sortir un peu de ce cadre, et l’Albanie restait un pays à déchiffrer.

 

L : Qu’est-ce qui vous a poussée à écrire Identités contraires ?

D.L. : La genèse de ce projet réside dans l’interview d’un jeune homme qui est lui-même atteint du syndrome d’Asperger. Il m’a expliqué avoir visité de nombreux pays en crise, et cela grâce à sa carte d’handicapé, notamment. Le début d’une bonne intrigue était trouvé.

 

L : Les auteurs de polar sont en grande majorité des hommes. Avez-vous pour ambition d’approfondir cette facette de la littérature ?

O.C. : Je pense, oui. J’avais peur de ne pas savoir m’y prendre, mais les retours des lecteurs ont été positifs, en règle générale. Ce qui a eu pour effet de m’encourager, vous vous en doutez. J’ai déjà l’idée d’un autre thriller pour tout vous dire. Mais ma raison me pousse à finir ce roman familial, sur lequel je travaille. Cela fait trois ans que j’y pense, il faut que je le concrétise. Il est vrai que les polars écrits par les femmes se font rare. Je trouve ça dommage.

Propos recueillis par Tristan Poirel

Le livre 

Identites-contraires

 

 

 

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