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Entretien avec Raoul Cauvin

Raoul Cauvin est un grand scénariste de la bande dessinée franco-belge. Les Tuniques bleues, Cédric, Pierre Tombal, Cupidon, CRS = Détresse, Boule et Bil, Spirou et Fantasio… l’esprit de Raoul Cauvin est derrière toutes les BD de notre enfance. Interview.

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Lecthot : Vous êtes l’un des scénaristes les plus prolifiques de la bande dessinée franco-belge, où trouvez-vous encore de l’inspiration ?

  Raoul Cauvin : J’étais peut-être un scénariste prolifique comme vous semblez le dire. Il est vrai que j’ai « commis » pas mal de séries à une certaine époque. Mais le temps a passé.
Je ne travaille plus que sur quelques histoires. Tuniques bleues, Cédric, Pierre Tombal, psy, femmes en blanc….  J’ai perdu pas mal de séries en route. Les temps ont changé. La bd se vend moins. Je garde le peu d’inspiration qui me reste pour tenir ces dernières séries en vie. L’inspiration est toujours bien présente mais je n’en use plus comme par le passé.
Bref, pour répondre à votre question, pour les tuniques bleues, toujours le nez dans les bouquins, les femmes en blanc, dans l’actualité, les autres en imaginant, en bousculant ce qui me reste de neuronnes.

 

L : Vous avez travaillé avec de grands dessinateurs. Lesquels vous ont le plus marqué ?

R.C. : Tous les grands dessinateurs qu’il m’a été donné d’approcher m’ont marqué, chacun à leur façon. Leur talent, leur simplicité… Je pourrais les citer tous. De Franquin à Tilleux, de Peyo à Roba… Mais aussi Jijé, Michel Tacq, Will et tant d’autres…
Tous m’ont apporté quelque chose. Je garde pour eux une profonde estime.

L : Comment se déroule le travail avec un dessinateur ? A-t-il un avis sur le scénario ?

R.C. : Dès mes débuts, quand un dessinateur désirait collaborer avec moi, deux choses m’importaient. La personne d’abord. Je n’aurais jamais pu travailler avec quelqu’un que je ne « sentais » pas. Son dessin ensuite… Je lui demandais de me faire des crayonnés. N’importe quoi… Quand, dans le tas de ces croquis un certain style me plaisait, on se mettait d’accord sur un thème et on y allait. Chacun de son côté. Côté scénario il me faisait confiance, côté dessin je faisais pareil. Encore maintenant… Chacun chez soi.

L : Pensez-vous dès l’écriture des textes à leur illustration ?

R.C. :  Bien sûr que je pense à chaque fois, quand je travaille mes textes, à la façon dont le dessinateur va les interpréter. Il est important de savoir ce qu’il aime faire ou pas…Chacun a sa spécialité. Certains détestent dessiner un vélo, d’autres des voitures…. Certains adorent dessiner de jolies filles, d’autres moins ou pas du tout… C’est primordial de bien connaître celui avec qui on fait équipe.

L : Avez-vous déjà été tenté par le dessin ?

R.C. : Non, je n’ai jamais été tenté par le dessin. Je dessine un peu tous mes scénarios mais sous la forme de « crobars » comme on dit dans le métier. Je ne pousse pas plus loin.

L : Quels sont les codes d’un bon scénario ?

R.C. : Il n’y a pas de code pour un scénario. C’est un peu comme dans la chanson. On touche un peu à tout en espérant que le public accroche. Pas mal de déceptions avant d’y arriver. Et encore, une fois qu’on a trouvé, il faut rester, continuer, ne pas baisser de rythme, ne pas décevoir… Là encore, pas évident.

L : De quel personnage êtes-vous le plus satisfait ? Existe-t-il un personnage particulièrement autobiographique ?

 R.C. :  J’ai toujours aimé travailler chacun de mes personnages. Aucune préférence. On n’arrive pas à faire du bon travail si on ne les aime pas, si on ne les sent pas. Un peu comme une mère avec ses enfants.(Mon Dieu, comme c’est bien dit). Chacun revêt une importance.

L : Quels conseils donneriez-vous aux auteurs se lançant dans le Crowdfunding avec notre nouveau site, Mybookfunding ?

 R.C. : En principe je ne donne aucun conseil. Je suis assez mal placé pour en donner. Pourtant, cette occasion est parfois une dernière chance de se voir paraître, d’être publié. Voilà pourquoi, je suis absolument pour. Il faut souvent s’essayer à tout pour y arriver.

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Propos recueillis par Victoire de Piédoue d’Héritot

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