Le Figaro a mené une étude en 2015 sur les écrivains préférés des français. Sans surprise, Victor Hugo, Marcel Pagnol et Jules Verne sont les plus cités remportant à chaque fois plus d’un tiers des suffrages. Concernant les auteurs contemporains, les noms de Musso, Levy et Jean d’Ormesson reviennent fréquemment. Cette étude révèle un certain ethnocentrisme dans les préférences littéraires des lecteurs, traduisant une méconnaissance importante des écrivains francophones. Nous l’oublions parfois, mais il existe 80 états dont la langue officielle est le français, et tout autant d’auteurs prestigieux.
Voici les portraits de 5 auteurs francophones qui ont marqué la littérature.
Alain Mabanckou – République du Congo
Cet écrivain franco-congolais de 50 ans a raflé presque tous les prestigieux Prix français. Né à Brazzaville, fréquemment présent à Paris, et vivant à Los Angeles, il est le symbole même de la francophonie. Son premier roman Bleu-Blanc-Rouge remporte le Grand Prix littéraire de l’Afrique Noire. Mais c’est son roman suivant, Verre Cassé, qui lui permet de se faire connaître en France. En 2006, Mémoire de porc-épic obtient le prix Renaudot. 3 ans après, il figure parmi les 20 auteurs les plus vendus en France. Il rentre dans la prestigieuse collection Blanche des éditions Gallimard avec Demain, j’aurai 20 ans. Enfin, son dernier roman, Petit Piment a été sélectionné pour le Prix Goncourt et le Prix des lycéens en 2015.
En parallèle, Alain Mabanckou est professeur à l’Université de Californie à Los Angeles. Cette année, il vient d’être nommé au collège de France et a prononcé sa leçon inaugurale « Lettres noires : des ténèbres à la lumière ».
Maryse Condé – Guadeloupe
Née à Pointe-à-pitre en Guadeloupe, cette écrivaine a brillé par son parcours professionnel et sa plume. Diplômée de la Sorbonne, elle enseigne dans différents pays comme la Guinée ou le Sénégal, avant d’obtenir un poste dans la prestigieuse université de Colombia. En parallèle, elle fut un temps journaliste en France pour la BBC.
Concernant ses œuvres, elle obtient le grand prix littéraire de la Femme pour Moi, Tituba, sorcière noire de Salem puis le grand prix du roman métis en 2010 pour En attendant la montée des eaux. Ses romans parlent de la question de race et de culture, comme Ségou, décrivant le suicide de l’empire bambara.
Enfin, c’est à son initiative que Jacques Chirac fixa en 2006 la journée de commémoration de l’esclavage, car elle préside le Comité pour la mémoire de l’esclavage.
Amin Maalouf – Liban
Né à Beyrouth, ses premiers écrits sont rédigés en français, qui est pour lui « une langue d’ombre » par rapport à l’arabe, qui est « la langue de lumière ». Alors que la guerre civile éclate en 1975, l’écrivain décide de gagner la France. Il publie son premier roman Les Croisades vues par les Arabes aux éditions Jean Claude Lattès, mais c’est Léon l’Africain qui deviendra son premier succès avec un prix France-Liban à la clé. En 1993, il obtient le Goncourt pour le Rocher de Tanios, œuvre se basant au Liban.
Les œuvres de Amin Maalouf ont pour inspiration sa vie personnelle, marquée par la guerre civile et l’immigration, comme les Echelles du levant. Ses personnages sont souvent nomades et errent entre plusieurs cultures, chose qu’a toujours ressentie l’écrivain.
Il préside en 2007/2008 un groupe de réflexion sur le multilinguisme, afin de montrer que l’union de plusieurs langues pourrait consolider l’Europe.
En 2011, il est nommé à une écrasante majorité (17 voix sur 24) à l’Académie Française.
Jonathan Littell – Etats-Unis
Ecrivain franco-américain, Jonathan Littell est marqué par ses nombreux voyages. Originaire d’une famille russe, il a passé son enfance en France avant d’intégrer Yale, et vit maintenant à Barcelone.
Marqué par les conflits, il décide de faire de l’humanitaire et part pendant 7 ans dans différents pays, dont la Bosnie Herzégovine et l’Afghanistan
En 2006, son œuvre Les Bienveillantes le révèle. L’ouvrage a pour but d’établir une grande fresque de la Seconde Guerre Mondiale. C’est un véritable phénomène littéraire, multipliant les prix : le Goncourt, mais également le Grand Prix du Roman de l’Académie Française. Il sera vendu à plus de 700 000 exemplaires. C’est à cette occasion qu’il obtiendra la nationalité française, pour « contribution au rayonnement de la France ».
François Cheng – Chine
Né à Jinan en Chine, François Cheng décide après ses études de ne pas suivre sa famille qui émigre aux Etats-Unis, et choisit la France, attiré par sa culture et sa langue. En 1998 il reçoit le prix Fémina pour Le dit de Tianyi. Cet ouvrage traite de la peinture et de l’esthétique chinoise, thème assez récurent dans ses œuvres. Trois ans après, il reçoit le grand prix de la francophonie de l’Académie Française.
Ecrivain mais également calligraphe, il publie son propre album de calligraphies et évoque souvent ce thème, notamment dans Et le souffle devient signe.
Il devient en 2002 le premier asiatique élu à l’Académie Française et est promu quelques années plus tard Officier de la légion d’honneur. Il est membre de la fondation Chirac, créée pour favoriser la paix dans le monde.
Aurore Bera