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Ecriture : méthodique ou freestyle ?

 

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Chaque écrivain a son propre fonctionnement, et il serait impensable de vouloir caser qui que ce soit dans une catégorie bien particulière. Pourtant, nous l’avons fait. Quelles sont les différentes catégories d’écrivains selon leur processus d’écriture ?

Ah, les écrivains, on ne pourra jamais se lasser d’écrire à leur propos ! Et ils en sont bien contents, d’ailleurs, parce que pour être écrivain, il faut quand même avoir une petite tendance narcissique qu’il fait toujours bon de décortiquer avec son psy attitré qu’on paye une fortune pour qu’il nous dise que, oui, on a des problèmes, mais que, non, on n’est pas fous. Merci, Freud, mais on le savait déjà ! Enfin bref, ne nous égarons pas et voyons les différentes catégories d’écrivains selon leur processus d’écriture.

La pile électrique

C’est sans doute celui que tout écrivain rêverait d’être, et celui qu’il cherchera à devenir toute sa vie, sans succès, parce que ces personnes-là sont des denrées rares, des exceptions, des élues. L’écrivain pile électrique ne tient jamais en place. C’est comme s’il était tombé, à la naissance, dans une potion magique, comme ce bon vieil Obélix qu’on adore tous. Son cerveau est en ébullition à chaque instant, et il est capable d’écrire 3000, 4000, 5000 mots en une demi-journée sans y voir aucun exploit : « Ben quoi, tu n’écris pas au même rythme, toi ? » Je sais, c’est rageant, mais il ne faut pas lui en vouloir. Il souffre beaucoup de ce don venu d’un autre monde, car son cerveau n’arrête jamais et, franchement, ça fait mal. L’écrivain pile électrique, c’est aussi celui qui écrira des heures entières sans jamais être déconcentré par Internet, la télé, ou même la vie, tout simplement. L’histoire en a connu : un certain Balzac, qui était capable d’écrire 18 heures d’affilée en carburant au café. Mais il est vrai qu’il n’avait pas Facebook pour le déconcentrer… Franchement, être une pile électrique de nos jours, c’est surfait.

La tortue

Celui-là, il a adoré la fable de La Fontaine « Le lièvre et la tortue » au primaire, et il a décidé de prendre position : il est dans le camp de la tortue, parce que la vie est ainsi faite, les plus faibles finissent par être récompensés pour leur courage. La tortue est calme, lente, posée. Elle prend son temps, et elle a fait de l’adage « rien ne sert de courir, il faut partir à point » l’hymne de sa vie. En tout cas de sa vie d’écrivain, parce qu’elle a sûrement une vie très occupée pour écrire aussi peu ! Car la tortue, c’est l’écrivain qui écrit peu quotidiennement, mais qui s’en contente avec un grand sourire et une grande philosophie : « Rome ne s’est pas faite en un jour, de toute façon ! ». Tu as raison, tortue, Rome ne s’est pas faite en un jour, et Ulysse non plus. D’ailleurs, James Joyce lui-même était une tortue. La légende veut qu’il ait raconté à un de ses amis, le plus joyeusement du monde, avoir fait une bonne séance d’écriture alors qu’il n’avait écrit que trois phrases ce jour-là. Donc pourquoi se précipiter ?

Le zen

Lui, il a dû suivre un stage chez des moines bouddhistes, ou alors c’est simplement un féru de yoga, sport qu’il pratique pour garder la ligne, étant donné que les écrivains ont tendance à s’empiffrer de malbouffe pour noyer leurs frustrations. En tout cas, ça lui a réussi, car il est vraiment détendu. Il ne se met aucunement la pression : c’est le cousin de la tortue, en plus fantasque et artiste. Le zen se laisse aller au gré de l’inspiration, c’est sa plume qui le porte, et pas le contraire. Il y a des jours où il écrira des pages entières, sans doute parce qu’il aura subi une peine de cœur le matin même, et d’autres où il n’écrira rien, parce qu’on n’est pas inspiré tous les jours, quand même ! Le zen est celui qui écrira parce qu’il a été appelé à le faire par une force surnaturelle ; la décision ne vient pas de lui, elle vient de plus haut. Pas de son patron dans la boîte où il travaille pour payer ses factures, non. Beaucoup plus haut que ça. Et ses écrits n’en sont que meilleurs, parce qu’aucun mot n’est forcé, et la musique qui passe dans ses écouteurs pendant ses sessions rédactionnelles l’inspire toujours davantage. Juste un conseil, monsieur Zen : « Vous ne pouvez pas attendre après l’inspiration. Vous devez la poursuivre avec une massue. » – Jack London

L’organisé

L’organisé, c’est celui qui ne considère pas son statut d’écrivain comme un don mais comme un véritable métier, qui demande du temps, des efforts, des concessions, mais surtout un vrai planning. L’organisé ne veut pas se laisser déborder, il ne veut pas non plus passer des mois interminables sur le même projet. Il avance à un bon rythme, parce qu’il se dégage du temps pour ça. Avant de commencer, il procède à une séance d’introspection, histoire de déterminer quelles conditions lui conviennent le mieux pour être optimal. Le matin ? La nuit ? Debout ? Assis ? Dans le silence ? Dans le bruit ? Une fois que cela a été déterminé, il monte avec minutie les rouages de son livre, à l’aide d’un plan plus détaillé que celui d’un architecte, car le travail doit être prémâché au maximum. Il se fixe un nombre de mots ou de pages à atteindre pour la journée, puis il se lance enfin, inlassable, imperturbable. Il se donne des objectifs plus ou moins grands : s’il s’inspire d’Ernest Hemingway, il écrira 500 mots par jour, de bon matin ; s’il s’inspire de Stephen King, ce sera 2000 mots par jour, sans exception, donc jours fériés, Saint-Valentin et anniversaires inclus (malheureusement, la gloire ne vient pas sans concessions). L’important pour l’organisé est de trouver sa vitesse de croisière. Mais comme l’a dit Phocylide de Milet, « toute navigation est incertaine ; prends pitié du malheureux qui a fait naufrage ». Alors si l’organisé échoue malgré tous ses bons calculs, s’il vous plaît ne vous moquez pas.

Michelle Mbanzoulou

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