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4 (très) bonnes raisons de vouloir entrer à l’Académie française

 

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Le 3 mars, L’Académie française a accueilli un nouveau membre, choisi parmi 8 candidats. Mais pourquoi vouloir entrer à l’Académie française, à part pour enfiler le bel habit vert ? On vous donne 4 raisons.

Ah, l’Académie française ! Ses beaux costumes à la mode de chez nous, ses têtes grises et bien pensantes, son dictionnaire… Vous ne vous en souciez peut-être pas, mais l’Académie française constitue le pilier de notre langue, puisque c’est elle qui fixe le dictionnaire et qui fait rayonner la langue de Molière au-delà des frontières et des époques. Hier, 3 mars 2016, elle a élu un nouveau membre, Andreï Makine, auteur entre autres du Testament français et d’Une femme aimée. Il remplace Assia Djebar au fauteuil n°5, rejoignant sous la Coupole les 38 autres membres. En plus, cet auteur russe amoureux de la France, qui a dû passer par un nombre incalculable de subterfuges pour se faire publier dans son pays d’adoption, a été élu au premier tour, ce qui arrive très rarement, parce qu’on sait que nos immortels sont capricieux. 15 voix sur 26 votants, il a fait fort, Andreï ! Et en plus, il s’octroie le luxe (ou la tare, d’ailleurs), d’être le plus jeune des membres actuels de l’Académie. Avouez que ça vous impressionne ! Mais pourquoi y a-t-il autant de candidats à l’Académie française ? Sans doute parce qu’ils ont vu, comme nous, les 4 (très) bonnes raisons de vouloir y entrer :

1) Ils sont immortels

Tout le monde cherche une fontaine de Jouvence : votre mère, votre belle-mère, votre fiancée… Quand elles achètent toutes les crèmes antirides du supermarché, ne les dévisagez pas d’un air désabusé. On sait que vous les leur piquez le matin quand elles dorment encore. L’être humain aimerait ne jamais mourir, mais, comme il sait que c’est impossible, il souhaiterait au moins laisser des traces dans ce monde, pour ne pas être oublié. Eh bien, les académiciens, eux, ont réussi : ils sont immortels, et tout le monde le leur accorde. La classe ! Bon, malheureusement, ils ne le sont pas dans les faits, si on en croit les élections qui se succèdent pour pallier les départs fortuits. Mais leur statut d’immortels leur vient de la devise de Richelieu, qu’il a inscrite sur le sceau de l’Académie, et que chaque nouveau membre reçoit en médaille lors de son entrée : « À l’immortalité ». Santé !

2) Ils défendent le français

Ils sont les premiers défenseurs de la langue française, d’abord nationalement, puis internationalement. C’est grâce à eux que nous avons un dictionnaire, que certains suivent assez librement, certes, mais qui a le mérite d’exister et de nous permettre de communiquer, de nous faire comprendre, d’être des hommes, tout simplement. En plus, chaque nouvel académicien se voit attribuer un mot du dictionnaire à son entrée. C’est mignon comme tout, non ? Ils doivent, dès l’obtention du terme, disserter dessus devant leurs confrères, ce qui, on vous l’accorde, est moins charmant. Mais ce sont les risques du métier. Et c’est aussi un moyen de se taquiner entre immortels. Erik Orsenna, par exemple, a reçu le mot « minauder », Jean-Loup Dabadie « retard » et Dominique Fernandez « résignation ». Les mots attribués ne font pas toujours des heureux, ce qui rend la situation d’autant plus amusante.

3) Ils appartiennent à une grande famille

L’Académie aujourd’hui, c’est 39 membres, ce qui représente une grande famille comme on les aime, avec les tantes, les cousins, les grands-parents et tout le toutim. Les séances de l’Académie, c’est un peu comme un repas de famille auquel on est obligé d’assister même si on n’a pas trop envie. On passe par les disputes, les rires, les cris, les pleurs… C’est ça, la famille ! Mais ce qui est encore mieux, c’est que l’Académie met en place un véritable héritage, une succession. Chaque membre reprend le fauteuil d’un ancien et la chaîne ne se rompt jamais. Pour sceller son destin à celui de la langue française, le nouvel élu prononce un discours devant tout le monde, un peu comme quand, à l’occasion d’un mariage, le témoin du marié prend la parole pour relater les quatre cent coups que son meilleur ami et lui ont pu faire dans leur vie. Sauf que là, le témoin, eh bien… c’est le marié. Et le marié, c’est le nouvel immortel. N’essayez pas de comprendre.

4) Ils ont des valeurs

Postuler à l’Académie française, c’est ne pas avoir peur de passer par des épreuves très formatrices. Parce que rien n’est jamais acquis, en ce monde. Et ils nous le prouvent. La Compagnie nous apprend l’humilité, étant donné que les postulants sont rarement élus à leur première candidature, indépendamment de leur notoriété, comme Victor Hugo, par exemple, qui n’a été élu qu’à sa 4e demande. Parfois même, ils ne le sont jamais. Ainsi, malgré 3 candidatures, Balzac n’a jamais été élu. Par ailleurs, même une fois élu, l’immortel doit passer plusieurs mois dans le silence, c’est-à-dire qu’il ne peut pas prendre la parole lors des séances. C’est le « temps initiatique », qui dure plusieurs mois. S’il veut poser une question, le nouveau venu doit passer par un ancien. Eh oui, les enfants, on laisse les adultes discuter entre eux ! Par ailleurs, le petit nouveau n’est reconnu comme membre officiel de l’Académie que lorsqu’il a été reçu par le Président de la République, qui est le protecteur de l’Institution. Le respect de la tradition, c’est important. Pour finir, si un membre a été élu après qu’un candidat a retiré sa candidature en sa faveur, il se doit de lui offrir sa voix s’il se représente plus tard. C’est ainsi que Victor Hugo a voté pour Balzac au moment de sa 3e candidature, parce que, quelques années auparavant, celui-ci s’était retiré à son profit. En fait, pour entrer à l’Académie, il faut être un gentleman (ou une gentlewoman)… On adore !

Michelle Mbanzoulou

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