Ce que les amoureux des livres ont toujours su vient d’être prouvé : notre bonheur dépend de la littérature. Nous ne faisons pas seulement allusion au bonheur éphémère de se plonger dans un roman, de s’abandonner dans l’histoire et de sentir (pour les pro-papier) l’enivrante odeur des pages tout le long de notre lecture. En plus de ce plaisir, lire beaucoup aurait également une influence sur tous les autres aspects de notre existence : notre bien-être émotionnel et psychique, mais aussi notre relation aux autres.
Voici les résultats de nombreuses études effectuées sur le sujet.
(c) Lecthot, Sara Pelinq
La lecture et le bien-être mental
Selon une étude du groupe éditorial Mauri Spagnolo à l’Université de Rome, les lecteurs sont plus heureux, plus optimistes et plus satisfaits de leur vie que les non lecteurs.
L’université de Liverpool, quant à elle, a démontré que la possibilité de souffrir de dépression est réduite de 21% chez les lecteurs avides. Lire augmenterait également la confiance en soi de 10% et permettrait de mieux dormir.
Selon une étude menée par l’université de Sussex en Grande-Bretagne, seulement six minutes de lecture réduiraient le niveau de stress de 68%.
Lire régulièrement pour le plaisir aurait les mêmes bénéfices pour la santé que la méditation ou autre pratique de relaxation profonde. En effet, en s’absorbant dans un monde de fiction différent du nôtre, avec des personnages autres que nous, nous oublions rapidement nos soucis quotidiens personnels pour, à la place, en tant que spectateur avide, regarder comment ces personnages que nous sommes venus à aimer vont résoudre les leurs. Nous nous plongeons tant dans l’histoire que les péripéties relatées nous paraissent bien réelles, mais, quel répit ! nous n’en sommes nullement responsables. Comme disait Marcel Proust dans son essai de 1905 Sur la lecture, les livres sont des amis des plus reposants, qui ne nous jugent pas et que nous ne pouvons pas blesser.
L’influence de la lecture sur notre vie sociale
Lire beaucoup influerait également sur notre vie sociale. Un plus grand pourcentage de personnes qui lisent sont mariés ou en couple, selon une étude du National Literacy Trust en Grande Bretagne. Serait-ce parce que les lecteurs sont aussi jugés plus attrayants ? Selon les données collectées sur des sites de rencontre, il semblerait que les profils affichant un ou plusieurs titres de livres aimés ont beaucoup plus de succès que ceux qui ne mentionnent pas la lecture.
Plus que cette façade plutôt superficielle, lire rend plus compatissant. En effet, nous plonger dans une histoire nous fait voir et comprendre les choses à travers le regard d’un ou plusieurs personnages différents de nous. Selon une étude publiée en 2011 dans le Annual Review of Psychology, les résultats de scanner RIM effectués sur des participants ont révélés que les mêmes parties de notre cerveau sont en activité lorsque nous vivons une expérience et lorsque nous la lisons. A travers la lecture, tout ce que ressent un personnage, nous le ressentons également. De cette façon, lire développe notre empathie, ainsi que notre capacité à comprendre les personnes autour de nous. En effet, selon une étude scientifique publiée en 2013 dans le magazine américain de renom Science, la lecture (de préférence de livres plus « littéraires » plutôt que de la littérature populaire ou de non-fiction) permet un développement plus important de la « théorie de l’esprit », concept faisant référence à notre capacité à deviner l’état d’esprit, les émotions et les pensées des autres, une capacité humaine qui commence à apparaître à l’âge de quatre ans.
La bibliothérapie, le futur de la médecine ?
Avec tous les bénéfices cités de la lecture, une question reste à se poser : et si le meilleur remède à tout problème psychologique ou émotionnel, et même physique, était non plus un médicament, mais une lecture ? La bibliothérapie est une méthode qui a de plus en plus de succès.
C’est au début du XXème siècle que cette pratique « médicale » a officiellement vu jour, notamment avec le retour de soldats du front de la première guerre mondiale. Aux Etats-Unis, on conseillait aux vétérans traumatisés des cours de lecture. Et au Royaume-Uni ce sont des listes de romans qu’on leur prescrivait. Ceux de Jane Austen étaient d’ailleurs particulièrement efficaces. Quelques années plus tard, Sigmund Freud lui-même faisait usage de la littérature lors de ses séances de psychanalyse.
En 2007, Alain Button crée à Londres The School of Life. Sur le conseil d’Ella Berthoud et Susan Elderkin, bibliothérapeutes, il inclut des séances de bibliothérapie à son programme. Ayant exposé ses problèmes, le patient repart avec une longue prescription, non plus à se procurer en pharmacie mais en librairie ou bibliothèque. Dans un article pour The New Yorker, l’écrivain Ceridwen Dovey raconte son propre essai de la bibliothérapie. Peu convaincu par cette méthode, malgré son amour des livres, il fait un jour une consultation en ligne. Sa source d’anxiété majeure concernait son manque de ressource spirituelle pour surmonter la perte d’un proche. Suite à la lecture des livres (romans et essais) recommandés spécialement pour son cas, Dovey s’est rendu compte que son anxiété avait diminué.
Pour ceux qui préfèrent ne pas avoir de consultation, Berthoud et Eldrekin ont écrit un livre : The Novel Cure : An A-Z of literary remedies, (Les remèdes littéraires dans l’édition française), sorte d’index, où chaque source possible d’anxiété, de douleur ou de trouble est listée par ordre alphabétique, avec, à chaque fois, une liste de livres-remèdes correspondants.
La lecture est pour nous l’initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire.
Proust.
Alors, lisons ! Les livres, meilleurs amis et meilleurs conseillers, sont la clé du bonheur.
Ashley Cooper