Fil d'actus
Accueil > Non classé > Pourquoi écrire une autobiographie ?

Pourquoi écrire une autobiographie ?

 

main-dans-la-main

Les autobiographies se succèdent et ne se ressemblent pas, étant donné que chacun a sa propre vie. Heureusement, d’ailleurs, parce que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs ! C’est sans doute pour cette raison que chacun devrait écrire son autobiographie.

Les autobiographies sont à la mode, et ce depuis longtemps. Certaines personnes se laissent même aller à en écrire de fausses, comme Misha Defonseca, qui avait sorti une autobiographie en 1997, Survivre avec les loups, un livre censé relater, avec toute la véracité qui sied à une autobiographie, la manière dont elle a survécu pendant la Shoah. Sachez que mentir se paie, puisque l’auteur a été condamnée, en 2014, à rembourser à ses éditeurs la somme astronomique de 22,5 millions de dollars. Oui, ça fait mal, et c’est pour ça qu’il faut suivre les conseils de Philippe Lejeune et passer un pacte avec son lecteur : celui d’être totalement honnête et de se montrer comme on est vraiment. Alors, si vous promettez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, écrivez votre autobiographie. Vous avez plusieurs raisons de le faire :

Vous êtes mégalo

C’est vrai qu’il faut quand même être vachement narcissique à tendance mégalo pour penser à coucher sur le papier sa vie entière. Quand même, soyons sérieux une minute : il y a vraiment des gens qui ont assez de temps pour s’installer à un bureau et raconter tout ce qui a bien pu leur arriver dans leur vie ? Apparemment oui, et ce n’est peut-être pas plus mal. Au moins, ils arrêteront de nous bassiner avec leurs anecdotes de jeunesse et de nous donner envie de troquer notre vie contre la leur. En écrivant leur autobiographie, ils peuvent se vanter autant qu’ils le souhaitent et montrer leur importance sans être interrompus par un bâillement ou une grimace : eh oui, les feuilles ou les ordinateurs ne se plaignent jamais ! À part quand l’une se déchire et que l’autre bugge, mais bon, ça n’arrive pas si souvent que ça… Alors si vous êtes mégalo, soyez gentils et rendez-nous service : écrivez votre autobiographie.

Vous avez besoin d’attention

La vie est difficile, et parfois les gens sont méchants et n’en ont rien à faire de vous, submergés qu’ils sont par leurs propres problèmes. Que vous ayez eu une enfance joyeuse ou pas, que vous ayez vécu sainement votre complexe d’Œdipe ou pas, vous avez besoin d’attention. Tout le monde a besoin d’attention, en ce bas-monde, même ceux qui monopolisent le devant de la scène. Surtout eux, en fait. D’ailleurs, les auteurs d’autobiographie ont souvent un manque à combler. Pour Nerval, par exemple, c’était celui de sa mère, car on sait que la figure maternelle est très importante dans les autobiographies, notamment quand elle est manquante. Mais il n’y a pas qu’elle : Nerval a écrit Aurélia en hommage à Jenny Colon, son amour perdu. Écrire son autobiographie, c’est aussi et surtout ça : essayer de combler un vide.

Vous avez besoin de vous confesser

Comme on est tous humains, on a forcément commis des actes pas très orthodoxes, qu’on les regrette ou non. On peut choisir de se confesser à un prêtre, mais tout le monde n’en a pas forcément envie. Alors pourquoi ne pas choisir la forme écrite ? Elle permet de remonter à sa plus tendre enfance et de se délester du poids de ses erreurs sans avoir à accaparer l’attention d’un prêtre pendant trois jours non-stop. En plus, vous vous évitez des séances de psychanalyse. Devant votre feuille blanche, vous avez l’occasion de faire le point sur votre vie entière et peut-être même de trouver la paix. Et cette libération-là, ce sont les lecteurs qui vous l’apportent, en lisant votre récit, en partageant avec vous vos peurs, vos doutes et vos défauts. Le tout gratuitement, sans avoir besoin de passer des années et des années chez un psy. C’est un bon plan, non ?

Vous voulez laisser une trace

Écrire une autobiographie, ce n’est pas écrire un roman. Votre autobiographie, c’est votre vie. Plus que votre vie, c’est vous tout entier, avec vos qualités et vos défauts. Qu’est-ce qui plaît tant aux lecteurs d’autobiographies ? Eh bien, lire l’histoire d’une personne (presque) comme les autres, une personne qui leur rappelle qui ils sont, qui leur rappelle qu’ils partagent cette humanité. Les fictions ont ce désavantage d’être inventées, sorties tout droit de l’imagination de leur auteur. Sauf que parfois, on préfère sortir de l’imaginaire et être plongé dans la vraie vie, dans les vraies contraintes, dans les vraies douleurs et les vraies joies. Voir un homme « dans toute la vérité de sa nature », comme disait Rousseau dans l’incipit de ses Confessions. Écrire son autobiographie, c’est laisser un témoignage dans ce monde, et se placer en exemple ou contre-exemple pour les hommes. C’est ce qu’a voulu faire notre Rousseau : « Être éternel, rassemble autour de moi l’innombrable foule de mes semblables ; qu’ils écoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères. Que chacun d’eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu’un seul te dise, s’il l’ose : je fus meilleur que cet homme-là. » Bon, oui, il était légèrement mégalo, mais il ne le cache pas, au moins… Alors, comme lui, écrivez votre autobiographie et laissez une trace dans ce monde. Peut-être qu’on se souviendra encore de vous dans 3 siècles, qui sait !

Michelle Mbanzoulou

Commentaires :