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Reportage: littérature et tabou du ballon rond

Alexandre, étudiant en master de Littérature Comparée, avoue enfin à son professeur de littérature comparée qu’il préfère encore mieux regarder France – Albanie que de relire les interminables descriptions dans Les Travailleurs de la mer de Victor Hugo.

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Il est midi et des poussières, une véritable bombe vient d’exploser dans le quotidien de M. du Foutrche, professeur de littérature comparée du XIXe siècle français, allemand et austro-hongrois à l’Université d’Angoulême. Tout allait pourtant bien dans le train-train de ce professeur, heureux d’avoir achevé la veille les œuvres de George Ohnet, Nestor Roqueplan et Henri Cazalis. Mais, alors que celui-ci parcourait comme tous les Mercredis les publications twitter de ses élèves, collègues de travail, membres de sa famille et connaissances plus ou moins intimes, à la recherche de fautes d’orthographe inexcusables, ce professeur émérite découvre avec stupéfaction un tweet d’un de ses élèves. Damien T. passe ce vendredi la soutenance de son mémoire sur Les Travailleurs de la mer supervisé lors de cette année par M. du Foutrche. Or, Alexandre a affirmé sur twitter :

Je préfère encore mieux regarder France-Albanie que de relire cet ****** d’Hugo pour ma ****** de soutenance

Des mots durs qui ont profondément heurté M. du Foutrche. Nous avons choisi de ne pas les publier.

Celui-ci s’est dit très choqué du tweet de son élève. D’une part car l’interjection   «putaing» ne prend pas de g et d’autre part car de nombreux élèves ont apporté leur soutien à Alexandre. Grâce à lui, de nombreux étudiants en lettres classiques et modernes ont pu avouer à leurs proches leur goût prononcé pour le football. Nous sommes partis à la rencontre de l’un d’eux qui, encore ému, n’a pas voulu que nous révélions son identité. Pour l’interview, nous l’appellerons Anais et cela pour respecter aussi la parité homme-femme dans cet article.

Moi, j’ai toujours regardé le foot. En famille, entre amis, avec mon chien Husky…

Mais, arrivée en première L et durant mes années de licence de lettres classiques, tous les footballeux étaient hués, moqués, détestés. Les littéraires leur crachaient au visage.

Vous comprenez, durant toutes ces années j’ai porté un masque. Je taisais ma joie quand mon équipe préférée gagnait un match clé la veille que je regardais dans l’obscurité la plus totale, sans son, par peur que quelqu’un ne découvre mon secret. Je cachais mes albums Panini derrière les gros romans de Zola. Je cachais mon maillot de Zidane dédicacé. Je ne faisais plus de blague sur la taille de Valbuena. Je prenais soin de ne pas parler de l’affaire Benzema et ne donnais pas mon avis sur Zahia. Ne me jugez pas. Ma vie sociale était en danger.

Alors, je me suis mise à beaucoup lire. J’apprenais à parler des livres que je n’avais pas lu. Je faisais aussi croire que je comprenais tout ce que je disais sur l’ésotérisme de Madame Bovary et la pornographie dans La Princesse de Clèves.

Je mentais. Je me détestais. J’aurais tellement voulu pouvoir parler de Panenka, Catenaccio ou Madjer…

Un aveu qui touchera de nombreux littéraires en passe de faire eux aussi leur coming out footballistique !

Mathis Goddet

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