Laurent Baheux réalise depuis plus de dix ans des photos en noir et blanc sur la faune sauvage, en Afrique. Un travail qui a donné lieu à plusieurs livres et expositions.
En partenariat avec le WWF-France et ambassadeur de bonne volonté du PNUE (Programme des Nations Unies Pour l’Environnement), Laurent Baheux contribue par son travail à financer les actions de préservation de la biodiversité en Afrique. Interview.
Lecthot : Comment décririez-vous vos photos ?
Laurent Baheux : Mon travail photographique est exclusivement tourné vers le noir et blanc avec une recherche de lumières et de contrastes à forte densité. Mon sujet de prédilection est la vie sauvage, faune et paysages confondus. J’associe les deux avec comme volonté de personnifier et de magnifier. J’ai une approche esthétique que certains jugent animaliste dans le sens où je cherche à capter le caractère et l’originalité de chacun de mes sujets.
L : Quel est selon vous le rôle de la photographie ?
L.B. : C’est une question difficile car il n’y a pas une seule « photographie ». En photographie, il y a plusieurs métiers : la photographie de guerre, de sport, de reportage, de studio, de mode, de publicité, etc. En ce qui me concerne, c’est à dire la photographie de nature et animalière, je dirai que notre rôle a évolué. J’ai le sentiment d’être passé de simple témoin à lanceur d’alerte. Mon travail s’effectue dans les espaces sauvages et préservés où la nature s’exprime librement et il faut bien reconnaître que ce sont des espaces en sursis.
Depuis une dizaine d’années, je vois les territoires et les animaux s’éteindre progressivement au profit de l’expansion humaine, de l’exploitation agricole, de la déforestation, du braconnage, etc. J’ai envie, par le biais de mon travail, de sensibiliser les gens à l’absolue nécessité de protéger ce patrimoine. Pour la pérennité du monde sauvage mais aussi pour la nôtre.
L : Avez-vous connu des évolutions clés dans votre travail ?
L.B. : Ma rencontre avec l’Afrique au début des années 2000 a été un véritable tournant dans ma vie professionnelle et personnelle. Cela a influencé profondément et irrémédiablement mon rapport au monde et à la nature. C’est ce que j’essaie de montrer dans mes images en privilégiant par le beau, des scènes simples et tendres du quotidien.
L : Pouvez-vous nous présenter les photos qui vous tiennent le plus à coeur ?
L.B. : Les images qui illustrent l’article font partie de mon dernier livre « Album de Famille de l’Afrique Sauvage ». Pour moi, ce n’est pas juste un album de photographies, c’est celui de notre famille. Nous faisons aussi partie de cette famille et devons tout faire pour la protéger.
L : La photo qui vous a le plus marqué…
L.B. : Là encore, c’est très difficile. Plus qu’une photographie, c’est toute une oeuvre qui m’a marqué. Notamment celle du photographe américain Ansel Adams, un maître du noir et blanc, et un pionnier en matière de protection de l’environnement aux États-Unis. C’est cette carrière tout entière que j’admire et respecte car sa photographie est un vecteur pour une cause qui me touche. C’est une des raisons qui m’a conduit sur les routes de l’ouest américain en 2014 et durant laquelle j’ai réalisé la série Wild West. Une des photographie représente la rivière Serpent dans le parc national du Grand Teton. Je l’ai appelé « In tribute to Ansel Adams » comme un clin d’oeil à son travail que je trouve magnifique.
L : Une anecdote particulière à raconter autour de l’une de vos photos…
L.B. : Justement ! J’ai une anecdote pour cette image emblématique de la rivière Serpent. Il faut bien se rendre compte que la végétation a considérablement poussé en près de 80 ans et que les arbres occultent une grande partie de la rivière si l’on ne cherche pas un angle de prise de vue différent de celui d’Ansel Adams en 1942. C’est ce qui m’a conduit à plusieurs mètres du sol, perché dans un sapin avec tous mes boitiers et mes optiques. Je dois avouer que ce fut un peu épique.
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