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Roman ou nouvelle ?

Livre ouvert avec pages vierges illustrant le choix entre roman ou nouvelle

Roman ou nouvelle ?

 

Dans le pays riche et diversifié qu’est la littérature, deux genres se font face : le roman et la nouvelle. L’un est long, l’autre est courte. L’un privilégie le développement, l’autre la concision. Lequel est le plus susceptible d’obtenir l’adhésion des lecteurs, s’il faut choisir ?

Avec deux genres aussi divers que le roman et la nouvelle, nous sommes obligés de nous poser la question : roman ou nouvelle ? Bien sûr, tout lecteur a le choix de lire les deux. Lire un roman ou une nouvelle apporte perpétuellement son lot de satisfactions, mais pas toujours le même. Avant toute chose, quelles sont les caractéristiques de ces deux genres ?

Le roman

Un roman est souvent une œuvre de plus de 150 pages, qui met en scène un héros qui va traverser un certain nombre de péripéties avant le dénouement final. L’histoire de ce héros et sa psychologie nous sont longuement dévoilés au fil des pages, à mesure qu’il vit ses nombreuses aventures. Nous trouvons, dans un roman, de nombreux personnages secondaires, qui aident à la progression de l’histoire et qui peuvent souvent être eux aussi développés psychologiquement, ce qui permet aux lecteurs de s’attacher également à eux, car une histoire ne tient pas qu’aux personnages principaux !

La nouvelle

La nouvelle, quant à elle, est bien plus concise. Elle ne fait souvent pas plus de 50 pages, même s’il existe toujours des exceptions, et centre l’action sur un évènement précis. L’auteur ne peut pas se permettre de s’épancher trop longuement sur le passé des personnages, et souvent les personnages secondaires se comptent sur les doigts d’une seule main. Ainsi, et dès les premières lignes, un élément perturbateur prend place dans le récit, et ce sont ses conséquences que l’auteur relate dans tout le texte. Dans le roman, l’élément perturbateur se manifeste souvent entre le premier et le deuxième chapitre.

Les différences majeures des deux genres phares

Une nouvelle, c’est aussi une chute, et la différence entre les deux genres se fait aussi, et peut-être surtout, à ce niveau-là. Pour le roman, l’auteur prend le temps des dernières pages pour amener la fin de l’histoire, qui est bien souvent attendue par le lecteur. Il se doit tout de même de rendre cette fin originale, pour que le lecteur ne soit pas déçu. Il est plus agréable pour lui de se dire qu’il s’attendait à cette fin mais qu’il est quand même heureux de l’avoir lue. Car si beaucoup de lecteurs se plaignent des fins « prévisibles », comment ne pas en écrire une, dans le sens où toute l’action du roman et sa progression laissent de toute façon envisager la conclusion qui va suivre ?

Pour la nouvelle, l’auteur prend ses lecteurs de court. Le rythme et l’action qu’il développe tout au long de sa nouvelle sont brusquement coupés : la chute est inattendue, brève, et peut laisser le lecteur perplexe même si elle garde une certaine cohérence avec le reste de la nouvelle. Du premier mot au dernier, il va de l’intérêt de l’auteur de préparer cette chute pour que l’effet n’en soit que plus puissant. Chaque mot a donc son importance dans ce genre littéraire.

Du fait de ces différences, romans et nouvelles attirent souvent des lecteurs différents et des plumes différentes, même si nombre de romanciers ont aussi écrit des nouvelles. C’est le cas de grands auteurs classiques comme Guy de Maupassant (Boule de suif), Victor Hugo (Claude Gueux), Gustave Flaubert (Trois contes) et beaucoup d’autres. Mais être un bon romancier ne donne pas la garantie d’être un bon nouvelliste, car c’est un tout autre genre, avec de nombreuses contraintes : la brièveté, la concision et la densité d’information en un nombre limité de mots est souvent difficile à atteindre pour un romancier.

Photo d'un livre ouvert

Le point de vue du lectorat

Qu’en est-il des lecteurs ? Ceux qui préfèrent les romans ont leurs raisons : ils aiment vivre avec des personnages pendant 2 ou 3 jours, parfois plus, le temps de leur lecture. Ils ont l’impression de progresser avec les héros, et en quelque sorte de se créer une famille avec chaque nouveau roman et sa panoplie de personnages. Ces lecteurs-là ne trouvent pas leur compte dans les nouvelles.

Ceux qui sont plus adeptes des histoires courtes, dont Edgar Allan Poe (Le Chat noir) est le maître incontesté, aiment l’intensité qu’elles produisent. Elles peuvent être lues d’une seule traite, et ainsi l’action n’est pas coupée, tandis qu’avec le roman la lecture s’étale souvent sur quelques jours, devenant ainsi hachée, et parfois désagréable, car le lecteur est vite rattrapé par ses tracas quotidiens. Ainsi, il arrive souvent que les bouquineurs de romans s’arrêtent en plein milieu du livre sans jamais le finir.

Selon les chiffres-clés du secteur du livre en 2013, établis par l’Observatoire de l’économie du livre, les romans constituaient 25% des exemplaires vendus et 25% du chiffre d’affaires des éditeurs et les nouvelles 0,4% (en addition aux contes, légendes et romans régionaux) des exemplaires vendus et 0,6% du chiffre d’affaires, sur un panel de 18 secteurs différents. Les romans arrivent en tête de ces secteurs, suivis de près par les livres jeunesse, qui représentent 20% des exemplaires vendus et 13% du chiffre d’affaires.  Parmi les nouvellistes qui ont la cote, nous trouvons Fouad Laroui, qui a obtenu le Prix Goncourt de la nouvelle en 2015 pour L’étrange Affaire du pantalon de Dassoukine, Ananda Devi, récompensée par plusieurs prix littéraires, notamment le Prix Louis-Guilloux pour Le Sari vert (roman) en 2010, et qui a sorti en 2015 le recueil de nouvelles L’ambassadeur triste et David James Poissant, auteur américain, qui a publié en 2015 un recueil de quinze nouvelles : Le paradis des animaux.

Alors même si les nouvelles constituent encore un genre mineur, un grand nombre d’entre elles valent le coup d’œil. Roman et/ou nouvelles ? À vous de choisir !

Michelle Mbanzoulou

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